Roger Mure-Ravaud présente ensuite un schéma de ce que pourrait être le déroulement de
la formation :
– Test technique : pas de changement,
– Attestation de formation aux premiers secours, pas de changement,
– Cycle préparatoire au 1er
cycle : d’une durée de deux semaines, ce module équivaut
à l’ancienne préformation, serait organisé par l’école nationale ou pourrait être
délégué par convention comme le sont les préformations actuellement, l’équipe
pédagogique étant validée par l’ENSA.
– Ouverture d’un livret de formation et stage pédagogique de sensibilisation.Compte-rendu du Congrès National – Marseille, 12 & 13 mai 2011 24/56
– L’Eurotest serait maintenu avec une nuance : aujourd’hui il faut avoir fait 20 jours
de stage en situation minimum pour pouvoir se présenter à l’Eurotest. Il est
proposé de demander l’attestation du suivi de stage de sensibilisation à l’entrée du
1er
cycle à l’ENSA, ce qui laissera la possibilité d’enchainer la même année cycle
préparatoire et Eurotest.
– 1er
cycle : pourrait se dérouler en période hivernale durant 4 semaines consécutives,
et serait composé d’une UF technico-pédagogique abordant les classes 2 et 3 et ses
dérivés, les classes 1 et 2 étant abordées au cours du cycle préparatoire.
– Stage pédagogique d’application : inchangé, ouvrant sur le 2ème
cycle, la proposition
étant de concentrer le cursus sur deux cycles.
– L’UF « milieu fédéral et entrainement » serait maintenue, avec un contenu revu.
– Enfin, le 2ème
cycle, d’une durée globale de 4 semaines, dont 2 pour l’UF Technicopédagogique II et 2 en période hivernale pour l’UF Eurosécurité II.
Total : 11 semaines plus une semaine de tronc commun. L’UF « publics particuliers »
disparaitrait. Le diplôme serait obtenu sur un total de points global.
François Gauché, directeur de l’ESF Tignes le Lac, souligne que les jeunes moniteurs font de
plus en plus souvent des études, et on ne peut que s’en féliciter. Quatre semaines
consécutives risquent de leur causer des difficultés par rapport aux calendriers scolaires et
universitaires. C’est un aspect des choses à considérer soigneusement.
Gilles Chabert répond que cet aspect des choses avait été appréhendé précédemment et
c’est ce qui avait conduit à morceler la formation en périodes courtes, afin de la rendre
compatibles avec les contraintes de calendrier des étudiants.
Il est indispensable de retrouver un « esprit de corps », un « esprit ENSA » qui a disparu
aujourd’hui. Les séjours à l’école nationale sont trop brefs pour que les stagiaires puissent
s’imprégner de l’esprit maison ; seuls des séjours plus longs pourront résoudre cette
question. La formation de moniteur de ski débouche sur un métier, alors qu’il n’est sûr
que la formation d’étudiant débouche sur un métier. Ces derniers devront faire un choix.
Il fut un temps où le métier de moniteur était complémentaire d’autres métiers alors que
maintenant il devient le métier principal. Il est indispensable de retrouver les
fondamentaux, au nombre desquels figurent les stages longue durée à l’ENSA.
Il s’agit d’un choix politique à l’initiative du syndicat national. De la même façon Gilles
Chabert estime qu’il est grand temps que l’ENSA retrouve l’esprit d’une école nationale,
qui s’appuie non seulement sur son règlement intérieur mais également sur une charte de
bonne conduite et de bonne tenue. Il cite à ce propos les exemples de l’Ecole Nationale
d’Administration (ENA) et l’Ecole Nationale de la Magistrature, St Cyr.
Cet aspect des choses ne plaira certes pas à tout le monde mais le syndicat national assume
cette demande. Les gens ont une immense confiance envers les moniteurs de ski auxquels
ils confient leurs enfants durant l’hiver. Aller en ce sens ne pourra que renforcer l’aura de
l’ENSA et aux moniteurs de ski.
Pierre Prieur, directeur de l’ESF des Saisies, est totalement d’accord sur le fait que le moniteur
doit avoir une tenue et une conduite exemplaires, mais estime que le syndicat national Compte-rendu du Congrès National – Marseille, 12 & 13 mai 2011 25/56
n’est pas au fait de la réalité des choses. Aujourd’hui, moniteur ne peut plus être un seul
métier, malheureusement, c’est une belle passion, mais il n’est plus possible d’en vivre à
l’année. Les jeunes doivent aujourd’hui exercer un autre métier à côté et pour ce faire
suivre des études. Tout comme François Gauché, il estime que ces jeunes vont être bloqués
par les quatre semaines consécutives dans le cursus. Il rappelle également que les écoles
de ski, véritables entreprises au niveau local, ne peuvent se passer des stagiaires durant les
vacances de février.
Gilles Chabert répond que le syndicat national dénombre dans ses rangs des personnes
qui ont obtenu leur diplôme sous l’ancien cursus (5 semaines consécutives) et ont
également réussi une belle carrière (ingénieurs, commandants de bord, etc.) Toutes ces
personnes ont pu à un certain moment concilier les deux formations. La profession a
beaucoup à perdre en laissant en l’état un cursus segmenté. Les moniteurs n’ont plus cette
culture montagnarde, qui est la base du métier. C’est pour cette raison que le syndicat
national soutient qu’un séjour de quatre semaines consécutives à l’ENSA est indispensable
pour retrouver cette culture à la fois de la montagne et du métier.
Cette réforme est encore au stade du projet, les travaux se poursuivent.
Pierre Prieur se demande également si la partie surf comprendra une note éliminatoire : un
stagiaire bon en pédagogie mais moins bon en surf pourra-t-il compenser l’un par l’autre
ou existera-t-il une note éliminatoire ?
Roger Mure-Ravaud précise qu’à ce stade, la nature des épreuves et leur contenu ne sont
pas arrêtés mais rappelle que le principe général pour tous les brevets d’état est que toute
note égale ou inférieure à 6 est éliminatoire sur décision du jury.
Pierrick Dufourd, directeur de l’ESF de la Vallée Verte, compare la formation à la refonte du
logiciel informatique, des semaines de formation ont été ajoutées petit à petit et s’interroge
sur la disparition de l’UF « Publics particuliers » : il ne faudrait pas être obligé de remettre
cette UF au programme dans quelques années.
Roger Mure-Ravaud précise que si l’UF a disparu, le thème continuera d’être abordé
durant le cursus tant dans les cycles que dans la partie de connaissances communes aux
métiers de la montagne.
Christophe Normand, directeur de l’ESF de Courchevel 1850, souscrit pleinement à l’idée de
charte de bonne conduite mais il estime nécessaire de la moduler en fonction de la réalité
de ce qu’est devenu le recrutement de la profession depuis plusieurs années maintenant.
Dans son ESF 80 % des stagiaires sont des étudiants, qu’il encourage à poursuivre des
études car le métier de moniteur ne représente plus la partie principale de leurs revenus
mais bien une partie complémentaire.
Avec le raccourcissement des saisons et les pics de fréquentation auxquels la profession
doit maintenant faire face, les moniteurs occasionnels représentent un élément
fondamental dans le fonctionnement des écoles de ski : l’école a besoin de moniteurs
temporaires, qui ont un métier en parallèle et qui viennent une semaine de temps en
temps. A Courchevel 1850 cette catégorie représente plus de 50 % de l’effectif de l’école. Il
estime comme ses confrères que quatre semaines consécutives risquent de poser des
difficultés à ces moniteurs pour se libérer. Il ajoute enfin que tout le monde ne peut pas se
permettre de prendre une année sabbatique.Compte-rendu du Congrès National – Marseille, 12 & 13 mai 2011 26/56
Gilles Chabert s’avoue moins défaitiste et estime que si les difficultés exposées
précédemment s’avèrent trop importantes, alors il conviendra de reconsidérer la question
le moment venu. Les dérives actuelles doivent cependant être contrôlées et cela commence
au niveau de formation. Cela vaut la peine d’essayer.
Marc Dupont, délégué de l’ESF de Superbesse, comprend ce débat sur la formation et estime
que la question qui se pose est de savoir comment rendre compatible la formation
professionnelle pour obtenir le brevet d’état de moniteur de ski tout en poursuivant des
études. Les propositions ont-elles tenu compte des périodes de formation des étudiants et
de moments durant lesquels ces quatre semaines de formation professionnelle pourraient
se dérouler ?
Gilles Chabert répond que la formation des moniteurs de ski par définition doit se
dérouler en période hivernale, cela semble évident.
Marc Dupont précise son propos en indiquant qu’il y a maintenant des périodes d’examen
communes à l’ensemble des universités, ce qui pourrait permettre de positionner plus
facilement ces semaines de formation.
Pascal Baudin, directeur de l’ESF de Valmeinier, estime quant à lui que ce qui pourrait faciliter
les choses pour les étudiants serait d’allonger les durées de validité des cycles.
Gilles Chabert juge cette proposition très positive, elle sera prise en compte dans la
réflexion.
Xavier Sillon, directeur de l’ESF des Deux Alpes, est d’avis que ces cycles longs sont à mettre
en perspective avec la formation des moniteurs étrangers et constituent un argument de
poids en faveur de la défense du diplôme français.
Question de Nicolas Marin, ESF de Megève : je suis directeur technique de l’ESF de Megève et je
m’aperçois que les enfants progressent de plus en plus vite et ils arrivent à 6 ou 7 ans en initiation
compétition. C’est trop dangereux par rapport à leurs âges pour diverses raisons : lLes télésièges
(sécurité) et les flèches (trop de vitesse). Ne faut-il pas envisager de créer une Etoile d’Argent et
durcir l’Etoile d’Or pour pouvoir garder les enfants dans le processus des Etoiles ?
De plus en plus de moniteurs non diplômés étrangers nous envahissent (anglais, pays de l’Est …)
que faut-il faire : Le Syndicat ne peut-il rien faire ? Le gouvernement ne veut pas bouger, faut-il
faire la police nous-mêmes et revenir aux méthodes des anciens ?!!